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Vous �tes dans la rubrique : > ACTUALITE > Générale 08/09/2013 : Collectif Retraites 2013 : le VRAI DEBAT ! 8 Thématiques pour mieux comprendre. 1) Pourquoi le déficit des régimes de retraites s’est-il aggravé depuis 2010 ? Les déficits annuels annoncés des caisses de retraite (14 milliards en 2012, autour de 20 en 2020) n’ont rien à voir avec la démographie, dont les projections n’ont pas changé depuis 2010. Ils sont dus à la crise et aux politiques d’austérité qui s’en sont suivies et qui bloquent l’activité, l’emploi et les cotisations sociales. 2) L’espérance de vie augmente, est-ce normal de travailler plus longtemps ? L’espérance de vie augmente de manière quasi continue depuis 250 ans, ce qui n’a pas empêché que le temps passé au travail dans une vie baisse continuellement en parallèle. 3) Les jeunes seront-ils victimes des mesures envisagées ? La solidarité intergénérationnelle a deux aspects. 4) Les fonctionnaires sont-ils des privilégiés ? Le taux de remplacement (le rapport entre la retraite et le salaire) est similaire entre privé et public. Dans le secteur privé, la pension de base (à laquelle se rajoute une retraite complémentaire) est calculée sur les 25 meilleures années et les primes sont prises en compte. Dans le public, c’est le salaire des 6 derniers mois, mais les primes ne sont pas prises en compte. Le gouvernement actuel, comme les précédents, laisse entendre que les fonctionnaires sont « privilégiés » parce qu’on calcule leur pension sur leur rémunération de fin de carrière, l’idée sous-jacente étant de légitimer une possible modification du calcul (le rapport Moreau évoque un passage aux 10 dernières années). Une telle mesure entraînerait une baisse immédiate de la pension des fonctionnaires. À l’inverse, appliquer un calcul sur les 6 derniers mois aux salariés du privé aurait un effet désastreux sur leurs pensions ! 5) Les retraités sont-ils si riches ? Les retraités sont eux aussi présentés comme des privilégiés par rapport aux actifs. Les retraités ont été touchés par les effets cumulés des contre-réformes passées, et cela va continuer dans l’avenir. De fait, les discours patronaux et gouvernementaux considèrent que cela doit être le cas. Au contraire nous considérons que la pension doit être la continuation du salaire, ce que le régime général de la Sécurité sociale admet en calculant le montant de la retraite sur les meilleures années de salaire, même si le nombre de ces années a fortement augmenté depuis 1993. 6) Y aura-t-il trop de retraités et pas assez d’actifs ? Les projections démographiques ne sont pas des vérités scientifiques et sont basées sur des hypothèses concernant plusieurs paramètres (fécondité, chômage, taux d’activité des hommes et des femmes, etc.). Déjà, depuis les années 1990, les projections ont beaucoup varié. Ainsi, tous les rapports officiels prévoyaient un effondrement de la natalité. Il n’en a rien été. Jusqu’à récemment, les mêmes rapports prévoyaient un effondrement de la population active dans le futur. Les dernières prévisions de l’Insee font maintenant apparaître une augmentation de la population active jusqu’en 2015 puis une stabilisation par la suite. En outre, certaines hypothèses retenues pour l’évolution de la population active sont régressives : rien ne justifie en effet de projeter, dans la tranche de 25 à 49 ans, un taux d’emploi des femmes inférieur de plus de 10 points à celui des hommes si ce n’est renoncer à toute politique visant l’égalité entre les femmes et les hommes. De plus, le ratio qui rend compte de la « charge » globale qui pèse sur les actifs occupés, celui des personnes hors emploi rapporté aux personnes en emploi, ne connaît aucune dégradation notable par rapport aux décennies passées. 7) Pourra-t-on financer les retraites ? Les difficultés de l’économie française ne sont pas dues au coût du travail mais au coût exorbitant que fait subir le capital à la société. En trente ans de néolibéralisme, la part dévolue aux dividendes a augmenté de 5 points de pourcentage de la valeur ajoutée des entreprises, aux dépens des salaires et de la protection sociale. Et malgré la crise, les dividendes continuent d’augmenter. En 2012, les entreprises ont distribué 230 milliards de profits, ce qui représente un « surcoût » du capital de 100 milliards par rapport aux « normes » des années 1970-1980. Or le COR indique qu’il faudrait un point de PIB supplémentaire par an à l’échéance 2020 pour équilibrer le système de retraite, ce qui correspond à 2 points de prélèvement supplémentaire sur les revenus d’activité. Il est donc possible de relever progressivement les cotisations patronales en baissant en parallèle les dividendes versés aux actionnaires. De plus, il serait aussi possible de soumettre à cotisation les dividendes distribués. L’investissement productif ne serait ainsi pas touché et cette mesure n’aurait pas d’impact sur les prix. La sacro-sainte compétitivité des entreprises serait donc épargnée. Mais il est vrai, et c’est là que le bât blesse, cela suppose un « choc de répartition » et non un choc de compétitivité. Bref, des solutions existent à condition de rompre avec les politiques actuelles et la logique d’un capitalisme financier prédateur. 8) Quel modèle de société se profile derrière les retraites ? Le débat politique et citoyen sur les retraites doit montrer que l’enjeu est un véritable choix de société, et cela sur plusieurs plans. Il y a d’abord une dimension de répartition juste de la richesse produite, entre groupes sociaux d’une même génération et entre les générations. L’enjeu de l’émancipation se joue aussi dans le travail lui-même, et elle doit être pensée simultanément dans toutes les sphères de l’existence, en liaison avec la transformation des finalités et de la structure de la production. Le travail, durant toute la vie dite active et dans tous les secteurs, doit donc être transformé, afin de le soustraire à la logique de la rentabilité, à l’impératif de compétitivité – sous-entendu d’intensification –, au stress et aux conditions dégradantes. Mais, en parallèle, la pénibilité actuelle de nombreux métiers doit être reconnue – en veillant à ne pas oublier celle qui caractérise les métiers féminins – et prise en compte dans les conditions d’accès à la retraite, notamment par des bonifications automatiques sous forme de trimestres gagnés, pour compenser en urgence les inégalités d’accès en retraite en bonne santé. Faire reculer l’aspect de marchandise du travail est devenu un enjeu vital, qui n’est pas sans rapport avec la définition d’autres finalités pour la production de biens et services. Enfin, la crise écologique nous conduits à moins fonder le financement des retraites et de la protection sociale dans son ensemble sur l’augmentation de la production future que sur la qualité de celle-ci, dont un critère essentiel est l’utilité sociale, et sur son partage, afin de bâtir un modèle de développement vraiment soutenable. Fonder un système de retraites solidaire renvoie donc à la place du travail dans la société et dans la vie de chaque individu. La retraite ne doit pas être la compensation d’un travail aliénant pendant toute une vie : le travail et ses finalités doivent être profondément transformés, car la qualité du travail et celle de la production vont de pair. La retraite sera d’autant mieux un temps de vie digne que la période de travail aura été émancipée des principales oppressions et dominations. Travailler moins, travailler autrement, et vivre mieux, pendant la vie active et pendant la retraite, tel est le condensé de la bataille sur les retraites que nous devons encore engager. Pour approfondir : Une réforme injuste et dangereuseLes mesures annoncées par le gouvernement vont essentiellement peser sur les salariés et les retraités. Alors que la loi Fillon de 2003 prévoyait que l’allongement de la durée de cotisation s’arrêterait en 2020, le gouvernement veut le poursuivre jusqu’en 2035. La durée de cotisation pour avoir une retraite à taux plein passerait ainsi de 41,75 ans en 2020 à 43 ans en 2035. Cet allongement se traduira soit par le fait de travailler plus longtemps, et donc de reporter l’âge effectif de départ à la retraite, soit par une baisse du niveau des pensions. Le pouvoir d’achat des retraités va être touché par la fiscalisation de la bonification de 10 % des pensions des parents de trois enfants ainsi que par l’entourloupe qui consiste à reporter de six mois l’indexation des pensions. Ces deux mesures feront perdre 2,7 milliards d’euros aux retraités. Le pouvoir d’achat des salariés, qui a baissé en 2012, sera aussi touché par l’augmentation des cotisations salariales de 0,15 point en 2014, puis de 0,05 point en 2015, 2016 et 2017, soit une augmentation totale de 0,3 point. Ces mesures s’inscrivent dans une politique d’austérité absurde puisqu’elle n’aura pour seule conséquence que de ralentir l’activité économique, d’augmenter le chômage et donc, in fine, de diminuer le volume des cotisations versées. Si une hausse des cotisations patronales est prévue, le gouvernement a d’ores et déjà annoncé qu’elle s’accompagnerait d’une baisse significative des cotisations patronales finançant les allocations familiales afin de faire baisser le coût du travail. Le manque à gagner sera payé pour l’essentiel par les salariés avec une augmentation de la TVA ou de la CSG. Il s’agit là d’une revendication majeure du patronat que le gouvernement vient de satisfaire. Si l’ouverture d’un compte pénibilité pour les salariés peut sembler positive, la concrétisation de cette annonce dépendra largement des conditions de sa mise en œuvre. Les mesures concernant les femmes, comme par exemple l’amélioration de la prise en compte du temps partiel, restent largement insuffisantes au vu de l’ampleur des inégalités de pensions entre les femmes et les hommes. Au total, la logique globale du projet du gouvernement prolonge les « réformes » antérieures des gouvernements de droite qui consiste, d’une façon ou d’une autre, à faire payer aux salariés et aux retraités l’ajustement des régimes de retraite et à refuser de poser la question du partage de la richesse produite. [1] L’équivalent de loyers fictifs est ajouté au revenu des personnes propriétaires de leur logement. |
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