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08/03/2010 : Mécanique du MANAGEMENT, CADRES ET SOUFFRANCE AU TRAVAIL ET DANS LES TERRITOIRES (1)

Une contribution des Ingénieurs Cadres et Techniciens CGT à l’occasion du 54ème congrès de l’Union Départementale CGT 13 (mars 2010)

LE MANAGEMENT : Il est considéré comme le mode d’organisation optimum du travail, y compris si la réalité des statistiques sur la productivité du travail démontre l’inverse (2).

Comme souvent, c’est dans le sens étymologique que l’on peut mieux comprendre la signification du management.

Alors lisons : « Le management (la gestion) est l’ensemble des techniques d’organisation qui sont mises en œuvre pour l’administration d’une entité. Au point de vue étymologique, le verbe manage vient de l’italien maneggiare (contrôler) influencé par le mot français manège (faire tourner un cheval dans un manège). ».

J’espère que les managers qui liront cet article s’apercevront que derrière leur titre de « grand manager », ils n’ont qu’une fonction qui consiste à… « faire tourner les chevaux »(3).

FAIRE TOURNER LES PROFITS : Pris dans un sens pratique, le manager est donc celui qui « fait tourner les profits », en d’autres termes le manager va utiliser le « fouet » du management pour faire fonctionner le « business ».
Et Dieu sait si le « business » est « la main invisible » de « l’économie de marché ». On comprend dans ces conditions, le besoin absolu d’individualiser les rapports sociaux dans l’entreprise (salaires, primes, évaluation/notation, carrière, mobilité etc.).

L’individualisation, en cassant le collectif de travail, permet de favoriser le management. Le management n’a comme logique que d’organiser le travail au service exclusif des marchés financiers (4) : « Les « hauts dirigeants » et les « grands patrons » eux-mêmes ont perdus de leur liberté ; managers suprêmes, ils sont subordonnés aux marchés financiers et aux actionnaires dont ils dépendent. Ils doivent afficher des résultats » (5).

CADRES : Le concept de cadres n’a strictement rien à voir avec le management.

Si l’on regarde attentivement, chacune des lettres du mot C.A.D.R.E.S définit une fonction propre à cette catégorie de salariés. Les deux dernières lettres révélant les dessous du mécanisme.

Observons

C COMME COMPETENCES : Un cadre se définit avant tout par ses compétences. Compétences techniques, assises sur une formation initiale de haut niveau (6) qui lui donnaient, en France, le support sur lequel se construisait sa capacité d’animation et d’entraînement d’équipe. Aujourd’hui, avec le management cette construction sociotechnique est détruite (7).

Le Capital ne veut plus que des « cadres managers », déconnectés de la production et « recentrés » sur le management du profit.

A COMME AUTONOMIE ET ANIMATEUR : La spécificité des cadres tirée de leurs compétences (voir plus haut) était cette capacité qu’ils avaient d’être autonomes. En d’autres termes, les cadres n’avaient nul besoin d’ordres ou de consignes. Juste un objectif. Ils définissaient alors les moyens nécessaires (équipements et collaborateurs) et s’investissaient avec leur équipe (collectif de travail) pour réussir le projet et atteindre l’objectif. C’est cette capacité technique qui leur donnait une « autorité naturelle », leur permettant d’être des animateurs d’équipe.

D COMME DISPONIBILITE : Les cadres du fait de leurs compétences et de leur autonomie, étaient disponibles pour régler tout ce qui n’était pas prévu (travail prescrit/travail réel). Ils considéraient cet aspect des choses comme de leur responsabilité spécifique (8) .

R COMME RESPONSABLE : Un cadre se définissait avant tout comme responsable. Responsable c’est en fait le produit de tout ce qui précède. Plus efficace que ce processus de responsabilité, fondé sur le triptyque compétences, autonomie/animation et disponibilité… c’est impossible.

Mais efficacité et rentabilité ne vont pas ensemble, car ils ne répondent pas aux mêmes objectifs (réponse aux besoins de la société ou maximisation du profit et des dividendes). Le capitalisme avait donc besoin d’un système d’organisation qui transforme les cadres, en simples serviteurs zélés du profit (9) . C’est la fonction spécifique du management…

E COMME EXPLOITATION : Car dans cette histoire parfaite, on oublie que le cadre, comme tout salarié d’une entreprise, est sous contrainte du profit. Loin d’être dans un monde de liberté (10) , il est au contraire plongé dans un monde de contraintes et joue le rôle de la tôle, coincé entre le marteau (profit) et l’enclume (collaborateurs, ouvriers, employé(e)s, clients). Le nouveau capitalisme ne lui reconnaît plus une place à part dans l’entreprise, mais, management oblige, il se voit comme les ouvriers de la Révolution industrielle, être sous la dépendance directe du profit, des dividendes et des actionnaires. Dans ce cadre, les échappatoires sont peux nombreux.

S COMME... SUICIDE : Dès lors, le suicide est l’échappatoire ultime, celui où comme dans un pied de nez interrogatif et accusatoire (11) , on ne revient plus jamais.

FOUETEUR DE PROFIT : Si la fonction cadre s’appuyait avant tout sur une compétence globale qui combinait à la fois des éléments de maîtrise technique pointue (savoir théorique) et d’animation d’équipe (projet collectif), qui expliquaient et justifiaient le niveau de salaire élevé, le management cherche à enlever aux cadres leurs fonctions techniques (fonction principale sur laquelle se construit la reconnaissance salariale) pour ne garder que la fonction « animation et gestion d’équipe ».

Cette séparation entre fonction technique et fonction animation gestion, est à la fois une dévalorisation de la fonction d’encadrement, mais aussi une « construction », qui introduit une coupure entre ceux qui « managent » et ceux qui produisent (12).

N’ayant plus leur support technique, les « cadres managers » sont de ce fait encore plus dépendants de leur hiérarchie, de la pression du profit, qui leur impose (management), d’exiger de plus en plus de leur personnel technique (démissions, suicides), conduisant aux dérives connues sous le nom de « harcèlement ».
Le harcèlement, comme l’accident, est toujours, dans la force de l’apparence, le fait d’un homme seul, mais dans la réalité (le mouvement réel) il est le produit d’un système global, qui est notamment dû, à cette coupure volontaire et construite entre « fonction technique » et « fonction animation ». Confronté à sa propre déstructuration, le cadre ne devient plus qu’un simple « fouetteur de profit », renvoyant ainsi au temps des galères romaines (13).

C’EST LE MANAGEMENT (14) QUI TUE LES CADRES : C’est l’ensemble de ces mécanismes, qui montre que les cadres sont, eux aussi, en situation de flexibilité, de précarité et parfois de chômage. Ils sont donc, à la fois, au cœur de la logique d’accumulation du nouveau capital (« le capitalisme informationnel »), et déjà, (le profit n’attend pas), en voie de déqualification… Gérés individuellement, management oblige, ils ne se rendent pas compte, qu’ils sont eux-mêmes « managés » par un système global. Le choc du miroir (la révélation du miroir qui leur montre leur situation réelle et non l’image du cadre médiatisé par l’entreprise), peut jouer le rôle d’un déclic, poussant au désir de se réapproprier son existence… conduisant au suicide. En se suicidant, ils cherchent, non à se tuer, mais à détruire l’image construite par le management. C’est donc bien « le management qui tue les cadres ».

LE MANAGEMENT DES TERRITOIRES : Sortez de l’entreprise, et le système parle alors de « management des territoires » !!!, c’est-à-dire de territoires organisés pour la « rotation des profits ». On ne parle plus alors de « centre Ville », mais « d’hyper centre », lieux d’accumulation des richesses, on ne parle plus de ville, mais de Métropole, lieu « d’accumulation des pouvoirs », on ne parle plus de bassin d’emplois et de vie mais « d’aires de chalandises », centrés sur le « consommateur » et « d’aires métropolitaines » construisant la « métropolisation des rapports sociaux ».

JE CONSOMME DONC JE SUIS : la ville définissait d’abord un espace productif dans lequel, du fait de la « lutte des classes », la question du partage travail/profit favorisait l’émergence d’un espace public et politique, favorisant l’expression de la citoyenneté (conflits sociaux, élections).

L’aire métropolitaine, se définit d’abord comme une « aire de chalandise », dédiée au « libre échange » dans laquelle la construction de l’espace se définit d’abord dans un rapport de soumission à la consommation.
Cette consommation devenant pour certains politiques comme la pensée supérieure de l’Humanité : « La consommation devient une recherche d’accomplissement de soi. Quelque chose qui relève plus de l’être que de l’avoir » (15) . D’où le développement des « minarets du business » (La Défense) et des « temples de la consommation ».

LA MARCHANDISE PLUS GRANDE QUE LES HOMMES OU LA REPUBLIQUE DEFAITE : C’est du haut de ces tours qui dominent la République (16) que sont déclamés les catéchèses du « marché libre et non faussé », c’est à l’intérieur de ses tours de verre que s’opère la violence au travail (mise au placard, harcèlement, suicides etc.).

Ces « tours du business » qui dominent les hommes s’articulent avec les « temples de la consommation de masse », véritables « aspirateurs à salaires » et plus, si infinité (carte de crédit du magasin).

Observons là aussi, leur dénomination : « Grand Vitrolles », « Grand Littoral », on est bien ici dans la construction d’un système qui vise à faire de la marchandise, du seul « rapport marchand » et donc du « profit », la nouvelle religion, portant atteinte aux principes même de la République, dont l’objet est de construire un espace public, dépassant la logique marchande, caractérisé par la gratuité, l’égalité d’accès et la laïcité.

LA SOUFFRANCE DES TERRITOIRES : Dans cet aménagement des territoires organisés pour les profits, se développe alors la « souffrance des territoires ». Ce ne sont plus seulement des salariés pris isolément, mais des parties de territoires qui sont organisés pour recevoir « la misère du monde », seule production et résultat tangible du capitalisme mondialisé.
Le système planifie ainsi des lieux restreints d’accumulation de richesse et de pouvoirs tout en dévalorisant une partie de plus en plus importante de territoires (17) dans « l’accueil des populations marginalisées » : Chômeurs, précaires, sans papiers, sans domiciles, sans droits, bientôt sans écoles, sans hôpitaux, collèges « low-cost » (18) etc, …
Quand dans l’entreprise, le management produit la souffrance au travail, le management des territoires produit la souffrance des territoires, développant la ….métropolisation des rapports sociaux.

LA METROPOLISATION DES RAPPORTS SOCIAUX : Quand le matin au bureau, le cadre arrive au moment où la femme de ménage s’en va, quand le cadre part le soir, au moment où la femme de ménage à statut précaire, souvent d’origine immigrée revient (ADOMA), quand le cadre cherche du temps pour arriver à accomplir ses tâches (générant le travail à la maison) et que le chômeur est au contraire à la recherche d’un emploi du temps, on observe une segmentation des espaces temps, qui détruit la cohérence de la ville, lieu symbolique construisant et structurant la citoyenneté, principe de la République.

La segmentation des espaces temps humains, qui font que les catégories sociales différentes ne partagent plus le même espace temps « principe de l’entreprise », transforment chaque salarié en « société anonyme » qui s’ignore les uns les autres (19) (monétisant les rapports de travail entre services) et favorisant de fait la destruction du concept de « lutte des classes » et des solidarités de lutte (c’est ce qui est recherché).

La « métropolisation des rapports sociaux » c’est ce mécanisme qui applique à la ville, le « management du travail » organisé à l’entreprise.

LA METROPOLE : La Métropole et son aire métropolitaine deviennent alors la déclinaison du « marché unique Européen ». Au nom du profit et pour une aire de chalandise donnée, le système développe alors « un marché unique métropolitain », d’où le surdéveloppement des « appels d’offres au marché » et la privatisation de masse des services publics.

On peut alors comprendre ce qu’est la métropole : la Métropole est l’unité de base de l’exploitation du travail et du non travail du capitalisme mondialisé.

UNE AUTRE PENSEE : Au vu de la crise des marchés et de ses conséquences sur la société toute entière, n’y a-t-il pas un besoin urgent de penser autrement qu’avec les lunettes du « marché libre et non faussé » ?

UNE AUTRE FINALITE AU TRAVAIL : Au vu des échecs du « Wall-Street management », débouchant sur « la mode des suicides » (20) n’est-il pas indispensable de repenser le travail, et l’organisation du travail dans l’entreprise et sur les territoires ?

UNE AUTRE FINALITE A LA METROPOLE : Au vu des violences générées par le développement des métropoles, conçues et aménagées pour les seuls besoins du profit, n’est-il pas temps de repenser et de reconstruire la Ville, comme un espace public dédié aux citoyens ?

  • PAS DE SERVICES PUBLICS SANS INDUSTRIE,
  • PAS D’INDUSTRIE SANS POLITIQUE INDUSTRIELLE PUBLIQUE (21)
  • PAS D’INDUSTRIE SANS SERVICES PUBLICS,
  • PAS D’ESPACES PUBLICS SANS SERVICES PUBLICS ET SANS FONCTIONNAIRES (le statut assure l’égalité de traitement),
  • PAS DE SOCIETE SANS CULTURES

1/ Ce document reprend en l’approfondissant la contribution de l’U.G.I.C.T au 54ème Congrès de l’U.D. C.G.T 13.

2/ Plus le marché impose le management, plus la productivité du travail diminue. Plus d’information sur le site « ugict 13 ».

3/ Il s’agit de remplacer le terme « chevaux » par « profit » pour …actualiser le sens.

4/ Lire : « en finir avec le Wall-Street management » Marie-Jo KOTLICKI / Jean-François BOLZINGER (U.G.I.C.T)
5/ Hélène LONING / Professeur à H.E.C : Cité par Les Echos / Lundi 29 Mai 2008

6/ Mission de l’école de la République.

7/ « Chez P.S.A des salariés inquiets de la disparition du lien social » / Le Monde 24 Juillet 2007

8/ A ce moment là ils optimisaient leurs connaissances, Aujourd’hui, management oblige, ils appellent un opérateur souvent sous-traitant.

9/ D’où les « stocks options » et la participation aux bénéfices, pour une minorité d’entre eux.

10/ « Le marché libre » organise en fait l’optimisation du profit donc des contraintes (compétitivité, concurrence etc.)

11/ « Et maintenant que je suis mort, comment allez vous faire ? »
12/ A partir du métier, la fonction technique est de plus en plus sous-traitée à des P.M.E dépendantes (secteur privé), puis délocalisée (pression salariale). Dans le secteur public, l’activité réelle est transférée au secteur privé (appel d’offres au marché) ce qui explique le développement des métropoles (concentration de communes offrant une taille de marché suffisante, créant ainsi le « marché unique métropolitain »). Ce transfert explique et justifie après le slogan « trop de fonctionnaires ».

13/ La mondialisation remplaçant l’océan, comme lieu (espace temps) de la confrontation (de la guerre à la concurrence).

14/ Hors le management, c’est une organisation et un
fonctionnement d’entreprise, entièrement dévoué au profit.

15/ Nathalie Kosciusko-Morizet secrétaire d’état à la prospective

16/ Les tours « du marchés libre et non faussé » de la défense dominent l’Arche (réalisé pour le bi-centenaire de la Révolution) qui symbolise la République, et le triptyque liberté, égalité fraternité.

17/ Forme de « cour des miracles du capitalisme mondialisé »

18/ Baisse du nombre d’ enseignants et des personnels chargés des questions éducatives.

19/ Seul 50 % des salariés en France déclarent pouvoir obtenir de l’aide de leur collègue, contre 64 % en Allemagne, et 87 % au Danemark / Source Chiffres pour 2005 Alternatives Economiques.

20/ Expression utilisé par Didier LOMBARD, P.D.G d’Orange, pour caractériser les suicides

21/ Donc intervention et un contrôle direct de l’Etat dans l’Economie.


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