Syndicat CGT Finances Publiques
Section des Bouches du Rhône
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"Une nouvelle impulsion au combat des syndicalistes dans toute l’Europe"

Mise en ligne le 31 mai 2005

La joie des européens

Extrait de l’Humanité du 31 mai 2005, 4 réactions de syndicalistes européens et d’acteurs du mouvement social aprés le "Non Français".

Horst Schmitthenner (Allemagne) : « Un stimulant pour l’Europe sociale ».

C’est en poussant un véritable cri de joie que le syndicaliste Horst Schmitthenner, membre de la direction nationale du syndicat IG Metall, accueille la nouvelle de la victoire du « non » en France.

« Je voudrais dire merci de tout coeur aux électeurs français car ils nous donnent là l’occasion de renégocier le contenu d’une constitution qui soit réellement digne de l’Europe et porteuse d’un vrai projet politique. Et pas ce capitalisme de marché que ce texte prétendait fixer en règle éternelle, ni cette militarisation qu’il programmait.
Ce "non français" constitue un stimulant extraordinaire pour mettre enfin sur le métier la construction d’une véritable Europe sociale et pas cette suite de déréglementations, de privatisations et cette mise en concurrence des travailleurs qui vise à baisser toujours plus les coûts salariaux. Côté syndical, le débat français avait déjà suscité un premier réveil en Allemagne. Il y a en fait, à la base, de plus en plus de gens qui ont pris leurs distances avec l’alignement de leurs directions syndicales sur le type de construction européenne dont la constitution est le couronnement. Et maintenant ce débat va s’amplifier car il va falloir s’interroger sérieusement sur les raisons qui ont conduit les Français à rejeter ce texte.(...)

Georges Debunne (Belgique) :« Le combat va continuer ».

Georges Debunne, ancien secrétaire général de la Fédération générale des travailleurs de Belgique, et fondateur de la Confédération des syndicats européens (CES), a appris la victoire du « non » dans la salle où s’étaient réunis, à Bruxelles, les participants au collectif pour le « non » de Belgique. Une salle pleine à craquer et qui a éclaté en vivats à l’annonce des résultats.

Le grand militant syndical qu’est Georges Debunne ne cache pas sa joie : « Je félicite les Français qui se sont bien battus pour le "non" et qui ont gagné. Le combat va continuer pour une autre Europe et notamment le combat syndical. La CES aurait dû dire "non". Celle qui a dit oui n’a plus rien à voir avec la CES que j’avais fondé. Le "non" français va donner une nouvelle impulsion au combat des syndicalistes dans toute l’Europe. En Belgique, où le processus de ratification n’est pas fini, on s’attend à une réaction populaire. À la demande d’élus flamands, je vais déposer une requête auprès du Parlement flamand pour demander une audition publique et un vrai débat. La même chose sera faite devant le Parlement wallon. »

Agustin Moreno (Espagne) :« C’est une fête de la démocratie »

« Félicitations au peuple, à la République ! », s’exclame Agustin Moreno, membre de la commission exécutive des Commissions ouvrières (le premier syndicat espagnol), en apprenant la victoire du non français.

« Contrairement à ce qu’affirmaient les partisans du "oui" qui prévoyaient une tragédie en cas de victoire du "non", le résultat du référendum français est une fête de la démocratie. Désormais les processus référendaires doivent se poursuivre, comme aux Pays-Bas. Les dirigeants européens, eux, doivent prendre en compte l’immense rejet français de ce projet technocratique et libéral. Ils doivent s’asseoir autour d’une table et renégocier un projet constitutionnel plus social et moins favorable au capitalisme. Le résultat du "non" ainsi que l’importante participation illustrent de la grande liberté de jugement des citoyens par rapport à la campagne médiatique orchestrée par le gouvernement et les intellectuels qui se sont mis au service du pouvoir et du "oui". Ce résultat est d’autant plus important que la France est une autorité en Europe. Alors que les citoyens ont répondu, en toute connaissance de cause, à la question qui leur était posée, Valéry Giscard d’Estaing évoque l’idée d’une nouvelle consultation en cas de victoire du "non".

Avant d’organiser un nouveau référendum en France, encore faudrait-il en convoquer un autre en Espagne où seulement 3 citoyens sur 10 se sont déplacés aux urnes. Le peuple a parlé. Les Chirac, Raffarin, Hollande ainsi que tous les partisans du "oui" doivent respecter la démocratie. »

Endre Simo (Hongrie) :« Un retentissement international ».

Responsable du groupe de coordination du Forum social hongrois, Endre Simo réagit à chaud au référendum français sur le projet de constitution européenne.

« En premier lieu, je veux dire merci aux électeurs français d’avoir exprimé aussi notre voix, la voix des gens de l’Est. Vous venez de donner voix à la société civile des pays de l’Est, que leurs gouvernements et leurs parlements n’étaient nullement intéressés à entendre, dans leur volonté de ratifier le traité constitutionnel sans demander leur opinion aux citoyens.

La victoire du "non" en France est un événement d’importance politique internationale. Elle montre que les électeurs n’acceptent plus la théorie néolibérale de la souveraineté limitée des peuples.

La victoire du "non" en France montre que le monde est en changement et que la société civile n’accepte plus les vieilles méthodes de faire de la politique. Que cette société civile exige que son opinion soit requise et respectée.

Cette victoire du "non" montre que les gens veulent défendre leurs acquis sociaux, refuser le démantèlement du "Welfare state". Qu’ils ne veulent plus seulement des droits déclarés, mais des droits garantis, c’est-à-dire le droit à travailler, le droit au revenu, à l’existence, à la sécurité sociale, ainsi qu’à la paix et à la solidarité entre les peuples. La victoire du "non" en France ouvre la voie à la constituante sociale, à un processus de nouvelle constitution sociale construite du bas vers le haut et non pas du haut pour être imposées aux sociétés. Une nouvelle étape de l’histoire peut s’ouvrir maintenant : les peuples de la démocratie participative, la société civile des pays de l’Est - y compris la Hongrie - ont l’intention de prendre une part active à ce processus. Pour changer l’Europe néolibérale en une Europe sociale des peuples. »


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