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Vous êtes dans la rubrique : > actualité > les brèves L’aberrant rêve sarkozyen d’un Etat-entreprise Par Roland Hureaux. Prise dans l’urgence de tenir ses promesses, l’administration Sarkozy veut réformer à tout-va. En massacrant les services publics et la protection sociale d’un côté, en rêvant à des usines à gaz administratives à l’utilité douteuse de l’autre. Des réformes, disent-ils...Après l’affaire de la carte famille nombreuse et celle du remboursement des lunettes, le président a prévenu qu’il ne devait pas y avoir de nouveau dérapages. Egalité ou équité ? Les Français préfèrent l’égalité En matière sociale, ces projets reprennent une vieille antienne de l’Inspection des finances – et de tout ce qui depuis trente ans est supposé penser les réformes, si pensée il y a, l’idée d’un meilleur « ciblage » (une expression technocratique qui fait florès) des aides sociales en direction des plus nécessiteux, manière de paraître à la fois plus juste et plus économe. Alain Minc avait formulé cette idée en proposant de substituer l’ « équité » à l’ « égalité » (qu’en termes élégants ces choses là sont dites !). Les allocations familiales ? Pour les plus pauvres seulement. En matière d’assurance maladie ou d’allocations de chômage, voire de retraites, on s’efforcera, dit-on, de mieux distinguer la logique dite « assurancielle » – que l’on peut éventuellement privatiser - de la logique de solidarité – qui doit rester au secteur public. En matière de logement, on proposera de pousser hors des HLM les locataires qui remplissaient les conditions de ressources quand ils sont entrés, mais qui ne les remplissent plus. En matière universitaire, le relèvement des droits d’inscription pour tous doit être compensé (du moins on le suppose) par l’allocation de bourses plus conséquentes aux étudiants nécessiteux, etc. Services publics : haro sur les petites structures En matière de services publics, les poncifs proposés par nos grands cerveaux sont aussi peu inspirés : s’agissant de l’Etat, de La Poste, des préfectures, des hôpitaux, il n’est que rarement question de réduire les effectifs dans les grandes structures où chacun soupçonne pourtant qu’il y a bien des économies à faire ; ce sont toujours les bouts de chaîne : sous-préfectures, petits tribunaux, petits centres de tri, hôpitaux ruraux, jugés à tort ou à raison peu rentables, que l’on se propose de supprimer. La réforme de la carte judiciaire présentée comme la pierre angulaire de la remise en ordre de la justice, s’inspirait de cette optique sans que les bénéfices financiers en soient encore avérés. En fermant la caserne, le tribunal, l’hôpital et demain la sous-préfecture, c’est notre réseau de petites et moyennes villes, celles qui ont fait pendant longtemps la spécificité de la géographie et de la civilisation françaises que l’on mine. Si la DATAR existait encore, elle nous expliquerait qu’en poussant ainsi la population vers les grandes métropoles, on induit des surcoûts collectifs considérables qu’il faudrait aussi mesurer. Curieusement, la France du milieu du XXe siècle, pourtant beaucoup moins riche, pouvait s’offrir tous ces services de proximité. A quoi sert le « progrès », se demandent légitimement les populations concernées, s’il conduit à appauvrir systématiquement l’offre de services publics ? La volonté réitérée, malgré plusieurs échecs, de réduire les petites brigades de gendarmerie fut une des causes de la révolte des gendarmes de la fin 2001. Comme dans le cas de la carte familles nombreuses, les mesures que l’on dut prendre ensuite pour éteindre l’incendie coûtèrent beaucoup plus cher que les économies prévues au départ. La « fusion-acquisition » n’a pas sa place dans l’Etat Si l’on voulait dresser un tableau complet des marottes de la haute fonction publique, reprises par les cabinet d’audits ou les grands experts de type Camdessus ou Attali, il faudrait ajouter les regroupements de services de l’Etat sur le modèle propre au secte M.Sarkozy voulait réformer l’Etat de fond en comble. Il ne décolère pas, paraît-il, sur l’incompétence de ses équipes. Il a raison. Malheureusement pour lui, elles reposent sur les mêmes hommes, les mêmes idées, généralement éculées, la même culture qui ont si bien assuré l’échec des tentatives de réforme précédentes. Faute d’un vrai renouvellement de la pensée réformatrice – et sans doute du personnel chargé de proposer et mettre en œuvre les réformes -, sa politique aboutira aux mêmes échecs que précédemment, alors que la situation est plus critique. Dans certains cas, comme la réforme de la carte judiciaire, le pouvoir peut encore passer en force - pour quel bénéfice et à quel coût politique ? Gageons que dans bien d’autres cas, il sera contrait de reculer comme il vient de le faire sur la carte famille nombreuse. Roland Hureauxarticle publié sur le site Marianne2.fr |
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