Mise en ligne le 11 octobre 2008
Entretien avec Denis Clerc, fondateur et ancien directeur
d’« Alternatives économiques » et auteur de « La France des
travailleurs pauvres ».
On a trop oublié que l’économie est une science morale inséparable de la question sociale. La crise va nous le rappeler brutalement.
Philippe Petit : l’économie, dites-vous, est une « science morale ». Une telle affirmation n’est-elle pas un peu paradoxale alors que la crise financière bat son plein ?
Denis Clerc : Mais non ! Au contraire ; car c’est l’absence de sens moral d’une petite minorité sa rapacité pour dire les choses brièvement qui est à l’origine même de la crise financière.
Pour gagner gros, cette minorité a pris des risques excessifs, notamment sous forme de prêts immobiliers à taux d’intérêt élevés consentis à des ménages quasi-insolvables.
En cas de défaillance de ces derniers, la maison était saisie et, grâce à la hausse continue du prix de l’immobilier, la revente permettait largement de se rembourser.
Des « petits génies de la finance » des prix Nobel, mais aussi des matheux recrutés à prix d’or par les organismes financiers - ont trouvé comment mélanger ces « créances pourries » avec d’autres, afin de revendre le tout à bon prix à des organismes financiers alléchés par la rentabilité élevée du paquet ainsi confectionné.
Mais quand le marché immobilier s’est retourné, que les maisons saisies n’ont pu être vendues qu’à des prix cassés, les possesseurs de ces paquets se sont aperçus qu’ils valaient nettement moins qu’ils ne les avaient achetés.
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