Mise en ligne le 28 février 2006
Déclaration de Georges Dupon-Lahitte,
Président de la Fédération des parents d’élèves FCPE
Contrat première embauche :
une provocation
La FCPE est un mouvement de parents d’élèves. A ce titre, elle ne peut être indifférente aux perspectives d’avenir qui sont offertes aux jeunes à l’issue de leurs études. La FCPE ne peut donc qu’être indignée par la création du CPE, « contrat première embauche ».
Après avoir stigmatisé la jeunesse des banlieues, après avoir sévèrement réprimé les lycéens manifestant contre la loi Fillon, après avoir « réglé » le problème de la difficulté scolaire en excluant de fait les élèves de la scolarité obligatoire par l’instauration de l’apprentissage à 14 ans, voilà que le gouvernement, sous couvert de faciliter l’entrée dans la vie active et de lutter contre le chômage des jeunes, les condamne finalement à accepter l’emploi précaire présenté désormais comme la norme à tout niveau de qualification.
Les envolées lyriques et les mesures annexes qui accompagnent cette décision n’y feront rien : Qui peut être assez naïf pour croire que les banques leur consentiront un prêt, qu’ils pourront louer un logement dès lors qu’ils seront dans l’incapacité de justifier la moindre sécurité d’emploi ? Comment un jeune peut-il concevoir de s’installer sereinement dans la vie active, voire dans un projet familial, dès lors qu’il n’est qu’une main d’œuvre qu’on peut jeter à tout moment ? Comment les jeunes peuvent-ils admettre que la seule réponse qui soit donnée aux années d’efforts et de travail qu’ils ont accomplies à l’école, ce soit la précarité instituée en règle commune ? Comment les parents, qui ont pour la plupart consenti d’importants sacrifices financiers pour l’éducation de leurs enfants, peuvent-ils accepter qu’on propose à ceux-ci l’insécurité professionnelle comme seule voie d’avenir ? Comment le gouvernement ose-t-il donner des leçons de civisme à la jeunesse quand il bafoue aussi allègrement le droit du travail ?
Nos enfants ne sont pas une future main d’œuvre taillable et corvéable à merci.
Ils méritent mieux que la désespérance de lendemains précaires. Ils se révoltent avec raison contre une mesure qui les méprise et en fait contre leur gré une masse de manœuvre qui sert d’autres intérêts.
La FCPE est donc pleinement dans son rôle quand elle fait part de sa solidarité. Elle la manifeste notamment en invitant tous les parents à se mobiliser aux côtés des jeunes. Par cette décision, elle en appelle solennellement à la responsabilité des politiques.