Syndicat Finances Publiques CGT
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1MILLION ET DEMI DE MANIFESTANTS CONTRE LE CPE LE 18 MARS 2006.

Mise en ligne le 20 mars 2006

1 MILLION ET DEMI DE MANIFESTANTS DANS TOUS LE PAYS LE 18 MARS

7000 MANIFESTANTS à ALBI , soit 1000 de plus que le 7 mars dernier.

Lycéens, étudiant, salariés du public et du privé, retraités et privés d’emplois, parents venus soutenir leurs enfants.
Ils étaient dans la rue samedi pour exprimer une exigence : LE RETRAIT DU CPE et au delà, le rejet d’une précarisation sans cesse croissante de notre société.

- En condamnant les moins de 26 ans à travailler sur un siège éjectable, le Premier Ministre ne cherche qu’à institutionnaliser la précarité pour les plus jeunes en attendant d’en faire la norme de droit pour tous grâce au contrat dit " unique ".

- Il a voulu prendre les jeunes de vitesse en lançant son projet durant les vacances de février, cela n’a pas marché.

- Il a espéré jouer sur le pourrissement du conflit mais à chaque nouvelle étape de la mobilisation le rejet s’exprime de plus en plus largement.

- Il a joué la carte de la division des jeunes en affirmant que le CPE visait essentiellement les jeunes sans diplôme alors que son Ministre de l’Éducation avait soutenu le contraire durant la discussion parlementaire.
Là encore la ficelle est trop grosse, le mensonge ne passe pas.

- Il nous répète aussi, reprenant l’argument d’un Raymond Barre fossilisé, que le CPE c’est mieux que l’ANPE.

Mais les jeunes, les parents, les salariés, les privés d’emplois, les retraités, ont compris le vrai sens d’un contrat qui nous ramène 35 ans en arrière et constitue une première au sein des pays européens développés en donnant la liberté totale à l’employeur de licencier un salarié sans avoir à motiver et ce pendant une durée de 2 ans.

Les dernières enquêtes d’opinion sont désormais sans ambiguïté, entre 63 et 70 % des personnes interrogées, toutes classes d’âge confondues et toutes catégories socio-professionnelles confondues demandent le retrait du CPE, pour les jeunes de moins de 26 ans ils sont même 83 % à demander le retrait du texte.

Alors que les profits des grandes entreprises françaises ne cessent d’augmenter depuis 3 ans ( voir ci-dessous ) M. Galouzeau de Villepin nous dit le CPE c’est mieux que RIEN.

La réponse du 18 Mars tient dans ce slogan que les jeunes arboraient dans les rues d’Albi :

Le CPE ce n’est pas mieux que rien, c’est PIRE QUE TOUT !

Les organisations de salariés ont fait un appel au gouvernement et au Président de la République ( lire ci-dessous ) et se réuniront en fin d’après midi affin d’envisager les suites à donner au mouvement si le gouvernement persiste dans son autisme.


Déclaration des organisations syndicales d’étudiants, de lycéens et de salariés, réunies le 18 mars 2006

Les organisations syndicales d’étudiants, de lycéens et de salariés, réunies ce jour, se félicitent de la formidable ampleur des manifestations des 16 et 18 mars pour obtenir le retrait du CPE. Elles conviennent de se réunir ce lundi 20 mars après consultation de leurs instances pour décider des suites de ce grand mouvement unitaire.

Les organisations syndicales d’étudiants, de lycéens et de salariés, réunies ce jour, se félicitent de la formidable ampleur des manifestations des 16 et 18 mars pour obtenir le retrait du CPE.

Les salariés et les jeunes, avec leurs organisations, refusent massivement le CPE facteur de précarité, de discrimination pour les jeunes et d’angoisse pour l’avenir. Les organisations présentes réaffirment leur soutien aux mobilisations des jeunes.

L’ampleur des rassemblements et leur montée en puissance, traduisent bien l’enracinement du rejet de ce contrat dans l’ensemble de la population et démontrent la nécessité de son retrait définitif.

Elles en appellent solennellement au gouvernement et au Président de la République.

Ils portent l’entière responsabilité des tensions sociales.

Résolues à obtenir le retrait du CPE, les organisations syndicales d’étudiants, de lycéens et de salariés conviennent de se réunir ce lundi 20 mars après consultation de leurs instances pour décider des suites de ce grand mouvement unitaire.

Les organisations syndicales : UNEF, Cé, UNL, FIDL, CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO, FSU, SOLIDAIRES, UNSA


Le point de vue de Gérard Filoche, Inspecteur du travail, membre du Conseil National du Parti Socialiste et adhérent de la CGT.

Ils veulent casser le Code du travail

Le retrait du CPE n’est pas une bataille réservée à la jeunesse. Avec le retrait du CNE, c’est une exigence de tous les salariés. Car derrière CPE et CNE, c’est tout le CDI et tout le Code du travail qui sont concernés. Par ordonnances, état d’urgence, article 49-3, Villepin et Sarkozy essaient de mettre en oeuvre ce que Raffarin-Fillon avaient proposé en 2004 avec les « contrats de mission » ou « de projet », c’est-à-dire des « CDI à durée déterminée » de cinq ans, pouvant être rompus sans motif.

Depuis ses ordonnances de l’été 2005, Villepin s’est attaqué au CDI par trois bouts : dans les petites entreprises de moins de 20 salariés, avec le CNE ; dans toutes les entreprises avec les CPE pour les moins de 23 ans ; avec les « emplois vieux » de deux CDD de 18 mois entre 57 et 60 ans.

Depuis huit mois, Villepin fait réécrire les 3 151 articles du Code du travail et remanier 120 ans d’histoire du droit social : une commission y travaille, selon le « rapport de Virville », sous la direction de l’UMP et du MEDEF ! Ce serait une vraie catastrophe, il suffit de voir qu’ils ont déjà rétabli le travail de nuit et du dimanche pour les enfants de 15 ans.

Cette attaque contre tout le Code du travail compte parmi les plus violentes de ce quinquennat, avec celle de Fillon contre la retraite à 60 ans et celle de Douste-Blazy pour démanteler et privatiser la Sécu. Elle concerne 15,7 millions de salariés du privé, leurs droits élémentaires et leur dignité.

Mme Parisot ne cesse de déclamer son amour immodéré pour la précarité généralisée - « La vie, la santé, l’amour sont précaires, pourquoi le travail ne le serait-il pas ? » C’est cette philosophie qui préside à la réécriture du Code. C’est une philosophie purement réactionnaire, « barbare » au sens littéral du terme : depuis l’aube des temps, depuis ses origines, l’humanité lutte contre la précarité, elle a inventé l’agriculture pour lutter contre la précarité de la cueillette, elle a inventé l’élevage pour lutter contre la précarité de la chasse, elle a lutté contre la faim, la soif, la souffrance, et même contre la précarité de nos amours, du travail.

C’est ainsi qu’a été élaboré, sur des décennies, un droit du travail, avec un « contrat », avec une protection (d’ailleurs insuffisante) contre les licenciements, contre les accidents, contre les maladies professionnelles, pour un salaire décent, une santé et une retraite décentes. Voilà qu’ils veulent remettre tout cela en question, casser les contreparties qui sont dues par les employeurs à leurs salariés subordonnés.

Il n’y aurait plus que des « contrats de gré à gré », noués comme des contrats commerciaux, et qui ne seraient plus soumis à un ordre public social. Il n’y aurait plus d’état de droit dans l’entreprise. L’ensemble du nouveau dispositif de Virville-MEDEF-Villepin-Sarkozy est facilement présumable : moins de loi, moins de contrat collectif, moins de juge, moins de syndicat, moins d’institution représentative du personnel, moins d’inspection du travail...

C’est cela qu’ils feront passer en mai, juin ou octobre 2006 par ordonnances, si nous n’allons pas jusqu’au bout, tous ensemble, contre le CPE et le CNE.


La genèse du CPE et du CNE

Rappel des faits :

Le MEDEF et l e gouvernement rêvent d’un contrat de travail unique prolongeant les CNE et CPE.

- Tout a commencé en 2004 au ministère de l’Économie. Nicolas Sarkozy, ministre en titre. Le MEDEF commandait d’accélérer la cadence. Il était temps de s’attaquer au contrat de travail. En septembre, Michel Camdessus, ancien directeur général du FMI, remettait à Sarkozy 120 propositions.

- Parmi elles, l’idée de créer un « contrat unique » en fusionnant le CDI et le CDD, dans lequel « les droits relatifs à la protection de l’emploi et à l’indemnisation se renforceraient progressivement ». L’astuce consistait à ne pas attaquer de front le CDI, mais à préparer les esprits a accepter un début de carrière sans droits. Nicolas Sarkozy commande alors un second rapport à Francis Kramarz et Pierre Cahuc, remis en décembre 2005.

- Les deux économistes reprennent cette proposition de fusion. En contrepartie de la liberté de licencier accordéeà l’employeur, des garanties seraient apportées au salarié en termes de formation, mobilité, reclassement.

- À peine nommé premier ministre, Dominique de Villepin annonce la création du contrat nouvelle embauche, réservé aux entreprises de moins de 20 salariés, qui instaure une période d’essai de deux ans pendant laquelle il est possible de mettre fin au contrat sans motif.

- Il lance sa deuxième étape, en janvier 2006, avec la naissance du contrat première embauche réservé aux jeunes. Villepin martèle alors qu’il y aura une « troisième étape » :

celle de « la réforme globale du contrat de travail » prévue en juin 2006...


Le CAC 40, c’est fou !

Ou plus exactement, ce sont les profits des entreprises qui composent le CAC 40 qui sont hallucinants.

Qu’on en juge : en 2005, le total des bénéfices des 40 plus grandes entreprises françaises atteint 80 milliards d’euros. C’est 22% de plus qu’en 2004, année déjà juteuse s’il en était.

- 80 milliards d’euros, cela représente près de 30% de l’ensemble des dépenses de l’Etat pour la même année et presque 2 fois le déficit annuel.

- Et comme on sait qu’environ 1/3 de ces profits sont versés sous forme de dividendes aux actionnaires, c’est plus de 25 milliards d’euros que se répartiront les heureux lauréats. Là aussi, pour se donner un ordre de grandeur, c’est à peu près 2 millions de fois la paie annuelle d’un smicard !

Entre les exonérations de cotisations patronales, les cadeaux fiscaux aux plus riches, les profits qui s’envolent, oui, on peut satisfaire les légitimes revendications des salariés, des chômeurs et des retraités. Question de choix