Syndicat Finances Publiques CGT
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Assurance maladie : le plan du MEDEF est de ne plus payer de cotisations

Mise en ligne le 19 mai 2004

Assurance maladie. " Le plan du MEDEF est de ne plus payer aucune cotisation "

Entretien paru dans l’humanité le 19 mai 2004

Pour Catherine Mills, universitaire, spécialiste de l’assurance maladie, la réforme laisse trop de bombes à retardement

" Douste-Blazy morcelle la réforme. Il cherche à culpabiliser les patients en affirmant que leur comportement est irresponsable. Pour lui, responsabiliser passe par 1 euro par consultation à la charge du patient, par des comportements vertueux en privilégiant les généralistes aux spécialistes. Il refuse de dégager une véritable refonte du financement.

- L’objectif est de 9 milliards d’euros d’économies, mais les mesures préconisées ne permettront pas une véritable réforme de fond. Les seules dépenses qu’il semble falloir réduire sont les dépenses publiques de santé. L’augmentation des cotisations patronales n’est pas abordée. Le plan du MEDEF est de ne plus payer aucune cotisation patronale à l’assurance maladie. Dans cette optique, il s’agit de compenser par la réduction des dépenses publiques de santé et faire payer les malades en les obligeant à recourir à des assurances privées. La réforme ne laisse que des gadgets et des bombes à retardement. L’idée de devoir consulter d’abord un généraliste symbolise un des ces dangers. Pour ceux qui iraient voir directement un spécialiste, ce dernier aurait le droit de pratiquer des honoraires libres, sans remboursement.

- On voit monter un système à plusieurs vitesses, avec une partie de dépenses de santé qui ne serait plus financée de manière solidaire. Cela va faciliter la marche à la privatisation, car " le périmètre de soins et de biens remboursables " est un panier de soins limité ; le reste serait financé par le complémentaire avec une marge accrue donnée aux assureurs.

- Le but n’est pas de faire des économies sur le système de santé, mais de réduire les dépenses publiques en prétendant éviter la catastrophe, et en jouant l’alarmisme comme pour les retraites. Par ailleurs, pour les médicaments, on va diminuer les remboursements et non s’attaquer aux industries pharmaceutiques. Le déficit de la Sécu s’explique par la montée du chômage, par les économies sur les salaires, par la non-compensation des exonérations de charges par l’État, ce qui fait 2 milliards d’euros non payés à la Sécu. Le non-versement des taxes sur le tabac, l’alcool et l’assurance automobile depuis plusieurs années : 17 milliards d’euros. Les entreprises qui n’ont pas payé leurs dettes correspondent à 13 milliards d’euros.

- Cette réforme facilite un système où, selon que l’on soit riche ou pauvre, la couverture ne sera pas la même. On demande aux médecins de faire eux-mêmes de la discrimination. On se rapproche d’un système à l’américaine, où on n’a pas la même couverture selon les risques et les revenus. Le système sera beaucoup plus inégalitaire et inefficace, car cela pousse à une dépense de santé plus élevée de façon privée. Les résultats de santé sont d’ailleurs très médiocres aux États-Unis. "