Mise en ligne le 15 novembre 2006 
Il est inévitable que le climat de compétition permanent, les objectifs qui s’empilent et se cumulent, les missions remises en cause, les tâches nouvelles et les restructurations déclarées ou rampantes finissent par dégrader considérablement les conditions et les relations de travail. Pour l’encadrement la situation est d’autant plus préoccupante qu’il doit assurer un numéro d’équilibriste entre les pressions de la hierarchie (DG et direction locale) et les inquiétudes et revendications légitimes du personnel. Dans ces conditions, certains pêtent les plombs, et celà sous des formes diverses.
Pour preuve ce message qui circule à la DGI. Tout est authentique mais les noms et lieux ont bien sur été neutralisés pour préserver les personnels concernés.
Message du receveur divisionnaire de XXXXXXXX XXXX à son personnel :
"Je n’ai cessé ces deux derniers mois d’appeler votre attention sur l’objectif de moins de X% à réaliser sur l’indicateur XXX au 30/10.Le résultat est tombé : le SIE de XXXXXXXX XXXX se distingue par le plus mauvais résultat du département soit X,XX%, pire que l’année dernière alors que la situation de départ était nettement meilleure.
Ce résultat est à titre personnel un véritable camouflet qui me discrédite et me place dans une situation humiliante tant vis à vis de mes collègues auxquels j’ai demandé le même effort et qui ont tous réalisé un résultat inférieur à X(jusqu’à X,XX% à XXXXXXX), à l’exception de XXXXXXXXX qui peut invoquer se sérieux problèmes de personnel, que vis à vis du directeur dont je n’ai cessé de rappeler l’extrême sensibilité sur ce sujet.
Cette contreperformance sera sanctionnée prochainement par une vérification de service faite par l’IPS qui aura pour objet de faire toute la lumière sur le sujet et notamment la responsabilité de chacun. Vous veillerez à cet égard de tenir à la disposition de l’enquêteur les listings sur lesquels vous avez eu à travailler.
Sans présumer des conclusions de cette vérif, cette situation me conforte dans l’idée que je parle régulièrement dans le vide. Je suis donc conduit pour l’avenir à changer de méthode.
La prochaine échéance est l’indicateur XXX mesuré au 31/12 pour lequel le directeur exige un résultat inférieur à X% sans aucune exception possible car il est pris en compte pour l’intéressement de la direction.
Ce résultat devra être réalisé par chacun d’entre vous et ça sera la condition pour obtenir un congé à compter du 15 décembre, au vu de la stat BDRP, sans aucune dérogation possible.
Il va falloir que chacun mesure bien que, quand on est fonctionnaire, on n’est pas là pour décider seul dans son coin ce qui est bon ou pas pour le service, on est là pour faire ce qu’on vous demande. Si on ne veut pas se plier à cette règle, on fait un autre métier.
XXXX XXXXXX
tél 99 99 99 99 99"
Ce comportement et les menaces et pressions exercées aussi ouvertement sont, pour l’instant encore, l’exception. Mais chacun, quel que soit son grade, est-il prêt à admettre à titre individuel qu’il pourrait ne pas toucher les 120 à 140 euros de prime de "performance" ou "d’objectif" parce que les collègues de tel ou tel poste sont enfoncés, empêtrés dans une informatique en lambeaux, confrontés à des problèmes d’effectifs chroniques et qu’à eux seuls, ils "dégradent" les indicateurs départementaux ? Chaque cadre est il prêt à revendiquer les moyens nécessaires plutôt que de répercuter sur son équipe tout et son contraire, dans une spirale sans fin ? Dans une société de plus en plus individualiste où chacun est persuadé d’être injustement traité et convaincu qu’il mérite bien mieux que son voisin, ce genre de situation risque de devenir une règle de "management" comme ils disent !...