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Ils nous ont montré le chemin, qu’est ce que l’on attend pour faire pareil ???

Extrait de presse

Les Bretons sont obstinés : journal d’une mobilisation impressionnante

L’université de Rennes-II est occupée depuis plus de quinze jours.

Reportage.

Ils tiennent depuis le 7 février. Depuis quinze jours, l’université de Rennes-II est occupée, aucun cours n’est plus assuré, sauf les préparations aux concours.

La dernière assemblée générale, lundi midi, a réuni près de 2500 étudiants. Le blocage a été reconduit aux deux tiers des voix.

Visite d’un campus transformé.

Hall B : quartier général

Dès 9 heures du matin, l’organisation est en place. La commission actions est en réunion. Des étudiantes préparent les affiches pour annoncer les rendez-vous du jour. D’autres animent une « cafétéria solidaire », servent
du café, du thé, du chocolat, nettoient les tables.

Plus loin, les grévistes ont installé un impressionnant « point info ». Sur la table, des journaux, des tracts... Au mur, des panneaux décrivent « l’organisation démocratique de la grève ». Et, derrière une petite table, Nico remplit des cases, consulte un plan. C’est lui qui organise les piquets de grève.

« Maître Piquet »

Les étudiants font la queue pour s’inscrire. « Maître Piquet, où est-ce qu’il y a besoin de monde ? » Nico a 300 numéros de téléphone de volontaires à sa disposition. « On tourne avec 40 à 50 personnes toutes les deux, trois heures. En faisant attention à ne pas mettre les nouveaux tout seuls, ou à ne pas mettre toujours les mêmes aux heures des AG ou aux piquets froids. »

Les piquets « froids » ? Ceux qui sont en extérieur. « On a inventé plein d’expressions ! » Tenir le piquet, par exemple, soit « piqueter », est l’action d’un « piquetiste ». Et quand ils décident la « dépiquetisation », ils remplacent les piquets humains par des piquets matériels, soit un amas de chaises contre une porte...

Maths versus métal

Dix heures et quart, la rumeur se répand. Un cours se tient dans le bâtiment A. « Encore les AES », soupire un gréviste. Les plus difficiles à convaincre, paraît-il. Le ton monte. Le professeur est un récidiviste. « Il
a affirmé à ses élèves qu’il ne signerait pas leurs diplômes s’ils ne venaient pas. Une fois, il a même tenté de les faire rentrer dans la salle par les fenêtres ! » Les grévistes interrompent le cours. Las, le professeur installe des tables au bout du hall et reprend. Les grévistes contre-attaquent avec un disque de « métal », le volume à fond...

Espace de vie

Bâtiment D, piquet de grève. Thomas et Nicolas sont en deuxième année d’histoire. Non syndiqués, comme beaucoup d’autres. Depuis deux semaines,ils sont là tous les jours. « Tant qu’on tient le coup, on reste », explique
Thomas. Nicolas : « On ne sait pas si cela va marcher, mais, pour l’instant, personne ne se démotive. La fac est impersonnelle, on en fait un vrai espace de vie ! » Il s’interrompt, s’exclame : « Voilà les héros des piquets ! »
Trois étudiantes arrivent, deux thermos à la main. « Thé ou café ? »

Politique en courant d’air

Martin et Émilie ont tiré le mauvais numéro. Ils tiennent un « piquet froid », en plein courant d’air. Elle est là parce qu’on « est touchés de bien près », lui parce qu’il a signé un contrat nouvelle embauche (CNE). Au
bout d’une semaine, le patron l’a remercié : « Cela lui revenait trop cher. » Martin est là aussi avec des idées de « révolution, des choses comme ça » : « J’ai l’impression de ne pas avoir le droit de participer à la vie
politique. Le gouvernement dit que le pouvoir n’est pas dans la rue. Mais c’est quoi la rue ? Si ce n’est pas le peuple, alors on est des chiens. »

Électeurs

Piquet O, comme en écho. « Depuis que j’ai ma carte d’électeur, je m’intéresse de plus en plus à la politique, dit Pauline. Parce que,
maintenant, je peux m’exprimer. » Loïc ajoute : « On ne va pas penser comme
papa-maman. On est majeurs, responsables, il faut se tenir au courant. »

Fiers de leur fac

Entre deux piquets, Amélie, Estelle et Antoine font une petite pause, jouent aux cartes. Les journées sont longues. « On se lève entre 6 heures et 6 h 30. On ne finit pas avant 18 h 30 », dit Antoine. Estelle : « C’est dur de
se lever tous les matins, mais le soir, on a du mal à partir... » Eux aussi vantent l’ambiance, les amitiés qui se nouent. « On se rend compte que la fac n’est pas un lieu si anonyme que cela. On discute énormément, de tout, même avec les antigrévistes. C’est génial ! »

Et si le projet de CPE n’était finalement pas retiré ? « De toute façon, je n’aurais pas perdu mon temps,dit Antoine. J’aurai essayé. » Amélie ajoute : « On sera contents de nous, on aura tenu le coup. Moi, je suis fière de ma fac ! »

Les étudiants de Rennes-II sont en vacances demain, pour une semaine. Tous espèrent que, quand ils rentreront, les universités parisiennes auront pris le relais.

Lénaïg Bredoux

Article publié le 27 février 2006.


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