vous êtes ici : accueil > Actualités > Générale

Vos outils
  • Diminuer la taille du texte
  • Agmenter la taille du texte
  • Envoyer le lien à un ami
  • Imprimer le texte

La Sécu a-t-elle "une affection chronique" ? A-t-elle fait son temps ?

« Déficit abyssal », médicaments « de confort », « abus de soins », trop de « charges »... la liste est longue des poncifs qui viennent régulièrement alimenter les titres du journal de 20 H et des autres médias.

Entretien avec Christiane, collègue du Trésor Public et administratrice CGT de la Sécurité Sociale dans son département.

-  Christiane, la cour des comptes vient de rendre un rapport qui souligne "un besoin de financement considérable pour la sécu". Pourtant à chaque visite chez le médecin, je paye un euro supplémentaire qui n’est pas remboursé. Alors ça ne sert à rien ?

- Christiane : Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage ! Depuis des décennies la Sécu fait l’objet d’une attaque en règle. Il est indéniable que notre système de protection sociale basée sur la solidarité a besoin de financements importants. Une réforme concrète et de fond doit être entreprise. Il est inconcevable que toutes les réformes se fassent toujours au détriment de l’assuré social. Quand on demande 1 Euro par acte ou que l’on laisse 18 Euros à charge du patient pour un acte médical d’un coût supérieur à 91 Euros, c’est au nom de la « RESPONSABILISATION » des malades !... et quand on revalorise les actes médicaux de 15% sur 2 ans, est-ce vraiment équitable ?

Le rapport entre l’augmentation de la facture payée par l’assuré et la REDISTRIBUTION sur les médecins démontre le marché de dupe.

-  Les français vieillissent plus longtemps et c’est tant mieux. Cela veut dire que le déficit va encore plus se creuser ?

- Christiane : Il est certain qu’avec le vieillissement de la population, des besoins financiers sont indispensables. C’est pour cela qu’il est plus que nécessaire de définir concrêtement tous les paramètres de la prise en charge de la vieillesse, au-delà de la maladie et de la famille. Arrêtons avec la confusion des responsabilités et des financements entre l’ETAT et la SECURITE SOCIALE. Situation qui ne vise qu’à masquer les vrais problèmes.

-  Récemment il y a eu une grève des chirurgiens ? Qu’en pensez- vous ?

- Christiane : Une grêve d’opportunité !!! Les tarifs des chirurgiens ont augmenté de 22% en 2005. La moyenne annuelle des spécialistes, dont les chirurgiens, a été de 91697 Euros (source CNAM) en 2004,et 80% pratiquent des dépassements d’honoraires libres (secteur 2). Chaque assuré dont un grand nombre n’arrive pas à finir le mois, et à qui on demande de faire toujours des efforts en matière de dépenses de santé, peut apprécier le bien fondé de ce mouvement. Et cerise sur le gâteau, le ministre de la santé vient d’imposer à l’assurance maladie de payer les 2/3 du montant des assurances des chirurgiens du secteur 1. L’argent de notre salaire différé (les cotisations) va servir à payer les erreurs de nos chirurgiens !!! Il est important aussi de rappeler et de souligner qu’au titre du "conventionnel", l’assurance maladie donne des droits sociaux aux médecins : participation à leur cotisation famille/vieillesse et formation professionnelle. La réalité est que leur pouvoir d’achat ne se limite pas aux honoraires...

-  Pourquoi les dépassements d’honoraires ?

- Christiane : Les dépassements d’honoraires sont réclamés par des médecins ayant l’autorisation de pratiquer au secteur 2. Le texte précise : ces dépassements doivent être appliqués avec TACT et MESURE !!! Affirmation pompeuse...Mais... que personne ne définit !!!!

Dans certaines régions, l’accés aux soins est desormais compromis. Actuellement de nombreux praticiens spécialisés du secteur 1 demandent FRAUDULEUSEMENT des dépassements d’honoraires.

Le conseil que je donne : s’assurer au préalable,dans quel secteur pratique le professionnel concerné (www.ameli.fr) ou téléphoner à la CPCAM ou à la SLI pour les fonctionnaires. S’il appartient au secteur 1, il faut refuser simplement cette demande et transmettre vos doléances à la CPCAM pour non respect conventionnel.

Face à l’illégalité l’action de chacun est déterminante . La santé est un enjeu vital qui ne doit pas se monnayer au plus offrant, le respect du droit touche toutes les couches de la population !!

-  Il y a trop de charges en France entend-on dire régulièrement par le Medef et les partisans du libéralisme économique. C’est vrai ?

- Christiane : Trop de charges sociales en France ???? D’abord ce ne sont pas des charges mais des cotisations ! Je prends pour référence le dernier rapport de la cour des comptes.

46 mesures d’allègements de charges existent à ce jour dont 36 nouvelles depuis le 1/1/2005. Dans ces dernières, 17 ont été mises en place sans même que le ministre en charge de la sécurité sociale en soit informé !

Pire ! Ces mesures ont été présentées « sans la moindre évaluation ou analyse ». Exonération en 2005 de 19 milliards d’Euros pour les employeurs contre 3 milliards d’Euros en 1993.

En 2006,de nouvelles mesures voient le jour comme par exemple l’exonération de ce qui reste des cotisations dites patronales de Sécurité Sociale au niveau du SMIG (2,5%) pour les entreprises de moins de 20 salariés. Ca coûte encore à la Sécu 1,5 milliards d’Euros supplémentaires !

Tous ces allègements, toutes ces suppressions de cotisations n’ont jamais fait l’objet d’une étude d’impact sur les créations d’emploi ! La Sécu a tout à y perdre et cela alimente artificiellement le soit disant déficit !!!! Sauf bien sûr pour la trésorerie des Entreprises !!!.

Cela dit, c’est avant tout le carnet de commande d’une entreprise qui permet de créer des emplois, pas les exonérations de cotisations sociales ! Evidemment aussi que le niveau de chômage prive la sécurité sociale de recettes. De plus en plus de personnes ne se soignent plus.

-  Mais pour les plus démunis, il y a la CMU ?

- Christiane : La pauvreté dans notre pays gangrène notre espace social. La CMU est une avancée sociale non négligeable, sans être pour cela la panacée. Plus de 4,4 millions de personnes bénéficient de la couverture complémentaire CMUC (ressources maximale par mois pour 1 personne seule :516,12Euros), dont 25% d’entres elles sont affiliées à la CMU de base, l’une et l’autre sur critères de résidence pour la partie régime obligatoire.

43% des spécialistes refusent de prendre en charge les bénéficiaires de la CMU.Pour ces assurés à qui un concède « UN PANIER DE SOINS ANNUEL », se soigner devient un luxe. Nous sommes loin d’une sécurité sociale solidaire et égalitaire.

-  Quelles sont les propositions de la CGT ?

- Christiane : Les Français ont opté pour un modèle de Protection Sociale dont le financement est fondé sur le travail. Mais la sécurité sociale a besoin de recettes supplémentaires. Afin d’augmenter les ressources, il est plus qu’urgent de combattre le chômage, de créer des emplois qualifiés et bien rémunérés.

Il est également plus qu’urgent de mettre de l’ordre dans les recettes prélevées au nom de la sécu et non inscrites dans ses comptes(taxes tabacs, alcool, assurances = 14 milliards Euros).

La CGT demande l’arrêt de toutes les exonérations de cotisations patronales (voir analyse du dernier rapport de la cour des comptes) et qui coûte cher à notre régime. Il faut également revoir complètement l’assiette de cotisations des entreprises. Il y a nécessité d’un débat public et institutionnel sur la réforme du financement de la Sécurité Sociale. Il en va de notre présent et de notre avenir. Chacun a droit à des soins de qualité.

Pour conclure,le constat que je fais c’est que la santé n’a pas de prix. Elle est un élément de prospérité et de progrés social pour notre pays. C’est un enjeu économique et son avenir dépend de l’intervention de chacun et de Tous pour que le pouvoir politique n’en fasse pas une vache à lait tout en réduisant les droits des assurés sociaux.

UNE SECURITE SOCIALE REPONDANT AUX BESOINS : C’EST UN CHOIX DE SOCIETE.

Merci Christiane


retour à la page d’accueil

Article publié le 6 octobre 2006.


Ce site est réalisé par le syndicat et propulsé par SPIP.